« La technique maudite » : remettre la technique à sa juste place

La technique maudite

L’objectif central de cet article est de remettre à sa juste place « la technique », afin que chaque joueur puisse construire un véritable savoir-faire et un savoir associé, clés d’un jeu libéré et créatif.

Avant de découvrir ces clés, il faut comprendre les liens indissociables entre le corps et l’esprit, dans le sens où l’un affecte inévitablement l’autre. Comprendre que tout changement technique, physique ou mental, agit sur l’autre de par leur relation intrinsèque. Une synergie développée par la répétition des gestes et les connexions neurologiques qui construiront peu à peu une mémoire corporelle.

Or, c’est le constat inverse que je fais depuis 20 ans, et qui s’intensifie ces dernières années : la surinformation technique grandissante au travers des réseaux sociaux, autant dans l’entraînement à haut niveau que dans les conseils proposés aux golfeurs amateurs.

La technique maudite

Imposer des postures rigides, des contrôles inutiles du club, des analyses biomécaniques inadaptées, des process d’analyse de green, des conseils impossibles à retranscrire sur le parcours…

Il est vrai que le modèle de formation des entraîneurs et enseignants depuis plus de 40 ans est basé sur la méthodologie « Lois – Principes – Préférences » réalisée par Gary Wiren dans le PGA Manuel de golf. Cette méthodologie part de l’analyse de la trajectoire via 5 lois mécaniques, puis de l’application de 14 principes : grip, posture, alignement, plan de swing… et enfin des préférences que le joueur adapte au fur et à mesure de sa progression.

Sans juger de la véracité du contenu, je m’interroge sur le rapport que doit avoir le joueur amateur vis-à-vis de cette surinformation. Quelle position avoir face aux décalages de discours ? Quelle attitude face à ce technocentrisme fondé sur des modèles gestuels du moment ?

Il faut aussi faire attention à l’amalgame hâtif entre les techniques, l’enseignement et la modélisation de champions hors normes.

Il est donc important de recentrer ce qu’est la technique :

« Un ensemble des moyens transmissibles à mettre en œuvre par le sportif, pour effectuer le plus efficacement possible une tâche motrice donnée. »
— Vigarello et al. (1983)

Les dérives du technocentrisme

Je pense que tout ce technocentrisme diffusé ne doit pas être pris à la lettre, car il s’oppose directement à l’appropriation individuelle. Alors que la recherche de son propre mouvement technique juste (adapté à son but) devrait guider le joueur dans son entraînement.

D’autre part, réduire la partie transmissible aux seules formes extérieures du swing n’aide pas le joueur dans la compréhension des clés de progression. Cela ajoute même un risque de blessures musculo-squelettiques (tendinites, maux de dos) lorsqu’on impose une action allant à l’encontre des capacités du joueur.

Le corps n’est pas une simple « machine » qu’il faut entraîner, maîtriser ou dompter. Le swing n’est pas qu’une « mécanique ».

Le but de la technique est de faire de son swing un vêtement taillé sur mesure, parfaitement adapté à ce que nous sommes, sans avoir besoin de se contorsionner pour rentrer dedans.

Exemple d’une dérive technique

J’ai croisé dernièrement une jeune joueuse que j’avais fait démarrer et qui est aujourd’hui devenue l’une des meilleures joueuses françaises. Lors de son dernier entraînement, elle s’efforçait de swinguer en restant en appuis à gauche (droitière), type Stack and Tilt.

Cela provoquait chez elle une hyper antéversion du bassin en haut du backswing, risquant à long terme d’engendrer un traumatisme lombaire lorsqu’elle sera adulte.

Conscience corporelle et intelligence intuitive et émotionnelle

L’intelligence intuitive et émotionnelle (IE)

Ce manque de respect du corps, ce manque d’écoute de soi, est selon moi bien plus problématique que l’engagement dans une technique du moment. Tout joueur désireux de s’exprimer avec efficacité devrait développer un swing à partir de l’intelligence intuitive et émotionnelle (IE), et non s’enfermer dans des techniques qui pourraient porter préjudice à son corps.

L’IE est l’expression du potentiel physique, technique, tactique et mental. Sa compréhension permet d’établir des liens entre 5 dimensions et de réveiller des compétences insoupçonnées :

• Physique (corporelle) : le corps et sa structure.

• Énergétique (biophysique) : le niveau d’énergie ressentie.

• Émotionnelle (affective) : les relations et l’impact des émotions.

• Mentale (pensée) : les croyances et représentations.

• Spirituelle (soi) : le niveau profond de l’être, qui entraîne l’aspiration à se réaliser.

Trop d’informations tue la décision

En golf, on croit souvent que « plus on a de données, plus on est compétent ». Malheureusement, c’est l’inverse.

L’excès d’informations perturbe le jugement.

Surcharger le joueur avec des concepts complexes (lectures de pentes, biomécanique, micro-gestes) ne fait qu’alourdir son conscient. En réalité, il suffit souvent de visualiser la trajectoire et de marcher vers la balle pour que le subconscient traite toutes les informations nécessaires.

Notre conscient est vite saturé : au-delà de 4 ou 5 pensées, il perd en efficacité.

C’est pourquoi l’intuition et le « balayage superficiel » sont des alliés précieux : ils filtrent inconsciemment l’information et permettent souvent de meilleures décisions que de longues analyses.

Quand la correction technique ne suffit plus

Prenons le cas d’un joueur victime de yips ou de contractions musculaires involontaires.

Smith (2000) : pour des handicaps <10 et <12 chez les femmes, la prévalence des yips est comprise entre 32 et 47 %. Chez ces joueurs, la fréquence cardiaque est plus élevée au putting, révélatrice d’anxiété.

Il ne s’agit pas d’un problème technique, mais d’un conflit entre le cerveau et les muscles (agonistes/antagonistes). Le swing devient crispé, et la correction technique n’apporte aucune solution.

La vraie cause est ailleurs : l’anxiété.

Le rôle de l’anxiété

L’anxiété peut venir de :

• la peur de rater,
• la surabondance d’informations,
• des expériences négatives cumulées,
• ou encore de la projection d’une situation redoutée.

Elle se traduit dans le corps par des tensions, une respiration difficile, un rythme cardiaque élevé, parfois des douleurs.

Comme le disait Jack Nicklaus :

« Les 30 premiers centimètres du swing conditionnent tout le swing. »

Ces premiers centimètres révèlent souvent l’anxiété du joueur : pivot inverse, bras qui montent sans tourner les épaules, grip trop fort…

Le process MRP GOLF® : dépasser la technique

À ce stade, seule une approche psychocorporelle peut aider. Dans le process MRP GOLF®, nous travaillons sur 5 dimensions :

• Physique : exercices d’échauffement, souplesse, conscience du corps.
• Énergétique : alternance pratique/parcours/repos.
• Émotionnelle : gestion des émotions, relaxation, routines.
• Mentale : compréhension de la biomécanique (« l’intérieur dirige l’extérieur »).
• Spirituelle : définition d’objectifs SMART.

Le but n’est pas de corriger mécaniquement un geste, mais de libérer le joueur de ses blocages, croyances et tensions.

Conclusion

Le process MRP GOLF® est le moyen de dépasser la technique.

En développant la conscience corporelle, l’intelligence émotionnelle et l’intuition, le joueur peut libérer son swing, prendre de meilleures décisions et retrouver le plaisir du jeu.

Parce qu’au fond, le golf n’est pas qu’une mécanique : c’est un dialogue constant entre le corps, l’esprit et les émotions.